8BN-Steve Hill

21 mai 2018
Claude Côté

Steve Hill : The One Man Blues-Rock Band
Quatre par quatre rassemblés

Steve Hill
Photo : Phil Brisse
44 ans. Quatre musiciens en un. Quatrième album de l’aventure solo. À quatre pattes hurlant des incantations à la lune, dépossédé de ses quatre membres, la captation chair-sueur et sang à La Chapelle à Québec du guitariste à tout faire s’ingurgite comme un fortifiant.

Un jour, lointain sûrement, quand Steve Hill aura répondu et satisfait à la forte demande venant du Vieux continent pour son spectacle solo, passé et repassé dans les villes et villages du Québec et du Canada avec son intrigante panoplie d’instruments que demande son show-choc, puis ratissé les territoires encore inconquis qui l’attend, ce jour-là marquera peut-être la fin du cycle fou d’une palpitante aventure.

Son aventure d’homme-orchestre née à la croisée des chemins d’une carrière qui stagnait il y a dix ans, dans son ancien sous-sol à Longueuil, l’a rendu encore plus illustre qu’il ne l’était déjà. Et lui a inculqué quelques principes de la business: être son propre gérant, commander des pressages vinyles, distribuer ses albums, créer des items-souvenirs (t-shirts, affiches, etc.) qu’il écoule à la vitesse Grand V à la fin de chacune de ses prestations, négocier ses cachets (même s’il a des agents de tournée), donner des dizaines d’entrevues, garder son site web à jour, et on en passe, Hill travaille avec quelques partenaires, mais en faisant les choses à sa manière, il a flairé la bonne affaire. Petite mise en contexte pour vous expliquer la genèse et tout le travail derrière le : The One-Man Blues Rock Band.

Avec cette galette-témoin d’un soir de grâce, les trois tome de ses Solo recordings sont ainsi magnifiés devant un public rassemblé au pied de l’autel. Et ce qui en ressort transcende l’exercice. La prise de son est remarquable, parfaitement équilibrée entre les exclamations du public présent et les chansons choisies: on grouille avec Hate to See You Go de Little Walter, l’esprit se détache du corps avec sa version de Voodoo Child (Slight Return), pépite de James Marshall Hendrix, puis les orfèvres Rythm All Over, Damned, Never Is Such A Long Time, Still Got It Bad, le moment d’accalmie en harmonica-complice sur Tough Luck, culminant (pas dans l’ordre) avec le brûlot Dangerous, incarnation suprême de ce qu’est le blues-rock, le clip est visionné par milliers sur youtube.

Mais si vous demandez à Steve Hill pourquoi ce soir-là est mémorable, il vous dira que l’ambiance était au top, mais aussi que son art a été bien reproduit devant public, que tous les petits bugs techniques d’un tel arsenal sont disparus et que propulsé par la clameur, il s’est surpassé. Tout ça s’entend: les machins, les bidules, les trucs du Hoodoo Man qui flirte avec ses patentes analogues et qui reproduit des sons de géants et des climats qui remontent jusqu’à Clarksdale au Mississipi il y a presque cent ans. Au coin de la route 61 et 49, le diable a signé un pacte avec Robert Johnson comme le veut la légende. Steve Hill, avec son élixir guérissant, a signé son pacte avec la vie.

En Angleterre jusqu’au 1er juin, ensuite Rouyn-Noranda, le 9, avant plusieurs dates au Québec dont cette première partie de ZZ Top au Centre Vidéotron le 16 août prochain et retour, le 10 novembre au Royaume-Uni à compter en Livre Sterling. Bloody Hell!

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