8BN-Ghost Town 3-Riv

9 mars 2018
Article par : Claude Côté

Ghost Town Blues Band, Backstage Pass

Le retour au Québec ces jours-ci du sextuor blues de Memphis coïncide avec la sortie du quatrième album du groupe, Backstage Pass qui s’est classé en quatrième position du palmarès Billboard la première semaine de sa sortie le 27 février.

Soixante-cinq minutes de blues abrasif ne faisant pas dans la demi-mesure, de soul indéracinable et de funk humide offert sans complaisance et avec une cohésion imparable.

L’énergie transmissible de cette galette-témoin enregistrée le 29 juillet dernier au Lafayette’s Music Room à Memphis est épidémique. Ça rentre de partout. Chacunes des neuf chansons, imbriqués les unes aux autres, font l’effet d’une téléportation fulgurante. On est là, avec eux. Voilà un exemple patent d’une performance qui transcende sa captation. D’entrée de jeu, on remarque: le chanteur et guitariste Matt Isbell étale son épatante voix rauque qui rappelle en tous points celle du regretté Eddie Hinton. Vous savez, cette voix un peu cassée, d’une tristesse rêveuse? Mais avec de la perspective et une confiance rassurante? Cet enduit-là tient l’album de bout en bout.

Les premiers accords de Come Together du duo Lennon-McCartney laissent entrevoir de l’inédit et du croustillant. Oubliez vos appréhensions sur la reprise. La sauce est rurale, la guitare est glissante et la cadence endiablée. Le clin d’oeil à Whole Lotta Love au milieu donne un délectable sandwich. Se succèdent une pléthore de chansons du même acabit, le soul ressenti dans Shine est comme un médicament pour l’âme, le trombone de Suavo Jones est employé avec justesse et parcimonie, toujours au service du grand frisson originel. Avec Big Shirley, toute résistance à ce tonifiant boogie woogie est inutile. On est emporté dans la tourmente. Ça s’enchaîne avec l’ascension d’un haut sommet, Whipping Post des référentiels Allman Brothers. Seconde appréhension. Mille fois entendue et refaite ad nauseam, le monument du rock d’une durée de quinze minutes, presque seize dans sa version d’origine est élevé sur des échafaudages encore plus audacieux. On déconstruit et on refait. Et c’est fort réussi. Avec des idées nouvelles et une ferveur qui ne démord pas.

En spectacle, la valeur ajoutée est évidente. Avec un contentement qui ravigote. De quoi faire fondre les banquises restantes sur le fleuve.
Share by: