5BN-3 Rivières

19 Aoüt 2015
Claude Côté

Trois Rivières en Blues: Polir Le Diamant

Et c'est parti! C'est aujourd'hui qu'est donné le coup d'envoi de la 7e édition de Trois-Rivières en Blues, LE grand rendez-vous blues de l'été. Vous dire franchement, je trépigne comme un chiot. Parce que j'ai vu l'ampleur de l'affaire et l'efficacité avec laquelle on planche sur l'événement.
 
Je peux en témoigner: les douze travaux d'Hercule en métaphore blues. Une organisation totalement voué au succès. Comme la plupart des festivals me direz-vous. C'est vrai. Mais plusieurs ici le font bénévolement. Au nom de l'amitié qui les lie. Pour l'amour de leur ville. Ce festival-là est une maudite belle bibitte. C'est blues en dehors comme en dedans. 
 
Et l'édition 2015 fait un bond de géant, une poussée de croissance de l'adolescence à l'âge adulte. Plus de shows, plus de notoriété, plus de plaisir. Trois-Rivières en Blues, avec sa programmation de rêve, est un rendez-vous obligatoire. 
 
Après la canicule éprouvante, arrive la brise qui rafraichit et qui fait du bien. On va s'amuser certes, taper du gros orteil, faire la danse du boogaloo, parler fort et boire de la bière commandité: Pourquoi se gêner? On est entre amis!
 
Cela fait trente ans que je couvre le blues. Pendant plusieurs années, j'ai même tenu le micro d'Indigo Blues sur les ondes de CIBL-FM à Montréal, fait parti de nombreux jurys, assisté à un nombre incalculable de spectacles, présenté sur scène des Robert Cray, interviewé les plus grands, de B.B. King à Ray Charles (en 2003, en page frontispice de Voir), trinqué avec James Cotton et comme plusieurs passionnés du journalisme blues au Québec, j'ai passé de longs moments privilégiés en compagnie des Charlie Musselwhite, Buddy Guy, Taj Mahal, la liste est longue.
 
En 1995, j'ai franchi le Rubicon et suis devenu directeur artistique du Berri Blues et ensuite programmateur blues du Medley. Pour l'inauguration, j'avais fait venir Koko Taylor de Chicago, puis Johnnie Johnson l'indispensable pianiste de Chuck Berry. Sans parler de la scène blues d'ici qui m'a propulsé: un jeune homme de Trois-Rivières Ouest avait sous ma plume fait la page couverture du Voir en 1994, le premier musicien blues à obtenir un tel honneur, surtout qu'il avait à peine 18 ans! Aujourd'hui guitariste accompli, Steve Hill raflait tout sur son passage au dernier Maple Blues Awards avec les quatre plus prestigieux trophées...
 
Et dans cette chevauchée inassouvie qu'est le blues, de festival en festival, autant à Memphis en 1995 qu'à la Nouvelle-Orléans en 2001, aucun festival ne m'a autant comblé d'un point de vue artistique qu'organisationnel que le festival de Trois-Rivières, que je fréquente depuis cinq ans.
 
Petite histoire d'un grand festival
 
Organiser un festival de blues comme celui de Trois-Rivières et trouver sa place sur l'échiquier estival des événements trifluviens comme le FestiVoix, l'institution qu'est le Grand Prix, et les autres attraits culturels et sportifs, fallait trouver des dates. Et ces dates, fin août sont parfaites: le monde est revenu de vacance, c'est le dernier week-end avant la rentrée, il y a un quelque chose d'indescriptible dans l'air, et le blues dans sa fonction de rassembleur entre en fonction. Comme si on entrait dans un sas dépressurisé.
 
Depuis 2009, Trois-Rivières en Blues a grandi: il y a eu une scène acoustique sur la rue Hart, des croisières blues rempli à ras bord, des nuits mémorables dans les bars de la rue Des Forges, des "ice bucket challenge" hilarants, des parades de Harley organisés sur la Main, des VIPs toujours plus hauts, un maire hyper enthousiaste qui répond présent, une apparition surprise de Just To Buy My Love, désopilant personnage des Denis Drolet...
 
Et des performances digne de mention: Popa Chubby, Big Sam's Funky Nation, Ronnie Baker Brooks, Steve Strongman, Ana Popovic, Paul DesLauriers, Angel Forrest, Nikki Hill, Steve Hill en mode rock, MO Blues, Mike Goudreau et son Boppin' Blues Band, le légendaire et regretté Hubert Sumlin avec sa bonbonne d'oxygène, bref, ce n'est pas encore le dixième anniversaire mais les moments marquants sont nombreux.
 
Le vaisseau amiral
 
Avec l'addition de l'Amphithéatre Cogeco et ses huit mille places, le festival joue désormais sur deux fronts: sur la rue Badeaux au centre-ville où il a toujours existé et à quelques foulées de là, il prend ses droits pour la première fois aux confins de la St-Maurice et du St-Laurent, sous le regard complice et approbateur de sa voisine d'en face, l'Île St-Quentin et ses plages, sur un lopin de terre qui a semé la controverse chez les trifluviens: le maire Yves Lévesque a joué sa carrière politique en appuyant massivement le projet. Fut inauguré donc, il y a deux mois, ce haut lieu de la culture et du divertissement non sans quelques récriminations citoyennes. Le temps nous le dira: est-ce que le grand projet de développement immobilier et d'aménagement urbain autour de l'amphithéatre et du fleuve était visionnaire? À la lumière de ce qu'on a vu, tout porte a croire que oui. Trois-Rivières ne sera plus jamais pareille. Et le festival non plus.
 
ZZ Top. Juste le nom fait rêver. ZZ Top à Trois-Rivières! Tous mes amis ont eu cette exclamation dans la voix. Pourtant le trio texan montera sur scène à 21h30 vendredi le 21 août. Un moment historique, il va sans dire. Blackberry Smoke en première partie propose à six une mouture southern-rock qui ressemble à The Black Crowes.
 
Aussi à l'Amphithéatre, qui je rappelle donne sur le fleuve et dont les soirées sont payantes sous forme de passeport fort abordable: Edgar Winter (Frankenstein, Free Ride, Easy Street), Keb' Mo', les rutilants Roomful of Blues et leur blues-swing cuivré, John Nemeth, superbe chanteur, authentique révélation qui vient en 'full band', Tinsley Ellis, guitariste d'Atlanta, le programme des trois soirs est alléchant, croyez-moi.
 
La rue Badeaux, l'allumeuse d'ambiance
 
Des spectacles gratuits de hautes voltiges sont offert aux festivaliers dans l'effervescence du centre-ville: Jack DeKeyzer, Anthony Gomes, Alvin Youngblood Hart du Mississippi, le jeune prodige américain de la guitar Jamiah Rogers (rien à envier à Gary Clark Jr.) qui sera en résidence tout le festival, Angel Forrest 'chanteuse de l'année' au Canada, Jim Zeller qui vient de pondre un nouveau disque, Circus, Pat Loiselle, superbe artisan de blues, country et bluegrass, MO Blues qui nous offrira un hommage à B.B. King, voilà un bref aperçu de ce qui vous attends...gratuitement.
 
La scène de la rue Badeaux donne le ton à l'évènement, gageons que plusieurs seront tenté de poursuivre l'expérience à l'Amphithéatre!
 
Bon festival!
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