7BN-Colin James

17 Février 2017
Collaboration spéciale - Claude Côté

Toutes les nuances de bleu

Le guitariste canadien de 52 ans a retrouvé son public montréalais jeudi soir lors de la deuxième escale de la tournée Blue Highways avec la chanteuse Tami Neilson en lever de rideau.
Colin James
Colin James
La cinquantaine heureuse, la dégaine assurée, la maîtrise de son art. Voilà comment on peut résumer les premiers instants de ce concert-retrouvaille de Colin James dont on a mesuré hier soir chaque étape de son parcours au cours des trois décennies de rock et de blues qu'il nous a offert. Sa tournée pan-canadienne amorcée à Brockville la veille se poursuivra jusqu'en novembre à Whitehorse au Yukon afin de promouvoir son plus récent disque: Blue Highways.

Personne n'a été surpris en octobre dernier lorsque Colin James a choisi de publier un album de covers de ses artistes blues préférés, Après tout, n'a t-il pas, au fil de sa discographie de quinze albums studio, modelé sa carrière, calqué presque, sur le ''blue print'' original? Entre succès radio à saveur blues-rock et Little Big Band déclamés en trois tomes, entre ballades tels Why'd You Lie (Morgan Davis) et hymnes fédérateurs tels Freedom (James avait invité Mavis Staples, Lenny Kravitz et Kim Wilson sur le disque de 1995, Bad Habits), le canadien a toujours gravité dans cet univers bleu lavande et bleu nuit.

Accompagné de six musiciens, dont le polyvalent Steve Marriner à l'harmonica qui prend une pause de Monkey Junk pour épauler la vedette, James s'est lancé tête première dans un corpus de six titres du dernier disque. Pas des classiques du répertoire, mais l'on pouvait goûter pleinement la sauce: la guitare Les Paul du quinquagénaire en donnait juste assez, l'orgue ronronnait derrière, les cadences faisaient taper du pied, les deux cuivres en tentés d'enrober le tout, malgré une sono pas toujours au point. Particulièrement agaçant lorsque le sax ténor est inaudible à mi-chemin de son solo. Mais la cohésion de cette unité de sept était pile poil. 

James a bien tenté quelques incursions sur les côtés de la scène avec des solos bien sentis pour se rapprocher du public assis mais la lumière de poursuite (follow spot) était absente. Dommage, on en aurait prit quelques salves. Notre homme a vite quitté la pénombre et est resté au milieu de la scène le reste du concert d'une heure trente. En revanche, on a bien aimé le bluesman nous raconter après avoir chanté Bad Bad Whisky qu'il avait vu Charles Brown au Rising Sun à Montréal alors qu'il avait seize ans et avant d'interpréter One More Mile (tiré de 100% Cotton) qu'il avait vu James Cotton au Café Campus lors de ses années formatrices.
Après un court segment acoustique où il a reprit avec aisance une chanson de John Hammond avec pour seul accompagnement l'harmonica grinçant de Marriner, quelques immortelles se sont glissé dans son tour de chant. Le soul de Bobby Bland, I'm Going Down de Don Nix (un peu faible vocalement, rien de comparable à Freddie King, mettons), Into The Mystic de Van Morrison (Moondance, 1972), Colin James a entonné I Just Came Back et quelques titres plus costauds de son arsenal. Le public s'est levé d'un trait et c'est sous l'ovation debout que le musicien originaire de la Saskatchewan a quitté la scène. Avant le rappel que nous avons malheureusement raté.
Disponible sur iTunes: http://hyperurl.co/olh1nv
Tami Neilson
Tami Neilson
En première partie, la canadienne exilée en Nouvelle-Zélande Tami Neilson s'est certes gagné de nouveaux adeptes. Issue de famille de musiciens country, Neilson a emmené avec elle son frère Jay à la guitare et un batteur de son pays d'adoption pour former un trio sans basses fréquences qui donnait très peu dans le country mais plutôt dans la soul et un peu, très peu dans le rockabilly. Avec son look rétro années 50 et sa robe à étages jaune écarlate, Neilson a donné sa pleine mesure, tantôt en grattant une acoustique, tantôt en brandissant des maracas, l'air désinvolte mais toujours avec une puissance vocale qui garde captif. Quelques chansons de Dynamite! (2014), plusieurs de Don't Be Afraid (2016) dont un blues intense à la toute fin du spectacle où elle a tout donné ont meublé avec bonheur les quelque trente minutes allouées. Public debout. Applaudissements nourris. Je m'attendais toutefois à plus. Le répertoire s'éparpille un brin. La formule en trio montre ses lacunes, on est comme en déficit d'amplitude sonore et ça ne lui rend pas toujours justice. Surtout après avoir entendu le disque. Vivement une prochaine fois!
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